Les interprètes au service des victimes de mines antipersonnel

Myrna Sultan / Nancy Gagné
10 novembre 2005

Formations du Réseau de survivants aux mines

A l'occasion de la réunion du Réseau de survivants aux mines antipersonnel (LSN), ICVolontaires s'est à nouveau impliquée en apportant son aide par l'intermédiaire d'interprètes.

Les mines antipersonnel tuent et handicapent gravement des milliers de personnes par année et ce dans de nombreux pays. Soucieux de trouver une solution commune à ce problème, des survivants de ces mines ont créé, en 1995, Réseau de survivants aux mines antipersonnel, organisation qui?uvre dans le soutien des victimes et lutte contre ce fléau dévastateur qui ignore les cessez-le-feu. Depuis 2001, ICVolontaires permet, par l'intermédiaire de ses interprètes, une participation active et un dialogue constructeur entre les membres du réseau, et ce, malgré leur différences linguistiques. Ainsi, une réunion a pu avoir lieu du 16 au 23 juin 2005 à Cartigny, près de Genève, où les responsables du réseau ont, notamment, discuté du planning de leurs activités pour les trois prochaines années tout en faisant fi des difficultés d'intercompréhension.

Rania Al-Haddad, interprète de langue arabe, admet avoir trouvé le thème intéressant, bien que dramatique, et assure avoir appris énormément sur le problème des mines durant cette réunion. "Je savais qu'il y avait un problème de mines en Irak et en Palestine, mais je ne savais pas que ce problème existait déjà au Yémen et en Jordanie," avoue la jeune interprète.

L'humour permet de dédramatiser les souffrances

Des chiffres traumatisants lui parviendront également comme ces statistiques inhumaines qui rappellent qu'en 2003, 8000 personnes ont été tuées par les mines et qu'environ 110 millions de mines ont été posées à travers le monde amputant de nombreuses victimes. Pire encore, suite à la perte de leurs membres, ces victimes se voient souvent exclues de la société et deviennent, dès lors, livrées à elles-mêmes. Les mines empêchent aussi l'exploitation agricole des zones touchées, paupérisant encore davantage les popu-lations environnantes déjà affligées par la guerre civile.

Malgré ces observations dramatiques, les interprètes de langue espagnole, portugaise, vietnamienne, bosniaque et bien d'autres encore, constatent que l'atmosphère n'est pas à la morosité à Cartigny. Pour dédramatiser leurs souffrances, les victimes n'hésitent pas à utiliser l'humour, un humour salvateur, qui leur permet d'affronter une réalité parfois trop dure tout en leur permettant d'avancer dans leur mission.

"Il y a encore beaucoup à faire pour les victimes de mines, non seulement au niveau de la santé, mais aussi dans le domaine de l'intégration sociale," conviennent Jésus Martinez et Nguyen Hoa Hoc. Tous deux victimes de mines dans leurs jeunes années, ils sont devenus par la suite responsables des centres LSN dans leurs pays respectifs, à savoir le Salvador et le Vietnam. Ils ont pu mettre en exergue l'importance du soutien familial et son rôle dans l'aide à la réintégration sociale des victimes, soutien qu'ils apportent dorénavant à ceux qui ne bénéficient pas de cet appui.

De précieux conseils de la part d'interprètes plus expérimentés

Consciente de son rôle primordial lors de la réunion cartiginoise, Rania l'est autant de l'impact que cette expérience aura eu sur sa vie privée et professionnelle. En plus d'avoir été sensibilisée aux problèmes des mines antipersonnel, elle aura également eu l'occasion de s'initier au monde des ONG, de leur fonctionnement et des défis auxquels ils doivent faire face.

Ses collègues, plus expérimentés pour certains, ont pu lui donné de précieux conseils: "J'ai beaucoup appris avec eux. Ils m'ont donné quelques trucs et nous avons pu, par la même occasion, échanger nos expériences. J'ai été agréablement surprise de constater que je pouvais faire de l'interprétation. J'ai aussi appris des nouveaux mots arabes que je n'utilisais pas dans la vie quotidienne."

Des liens se sont créés entre les interprètes et les participants et Rania est heureuse de garder contact, notamment, avec de nombreux Jordaniens. Mais le moment le plus fort, le plus gratifiant et qui demeurera à jamais gravé dans sa mémoire restera sans doute la dernière journée: "Tous les membres de LSN se sont levés pour nous applaudir et nous ont offert à chacun un cadeau symbolique en signe de reconnaissance pour la qualité de notre travail." Si l'occasion se représente, Rania l'affirme avec force, elle fera de nouveau partie de l'équipe d'ICVolontaires.

Myrna Sultan et Nancy Gagné

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