Philanthropie et innovationEntre changement de paradigme, efficacité et confiance 28 avril 2009 Le 5 mars 2009, ICVolontaires a contribué à l'organisation du Forum Suisse de Philantrophie annuel, qui s'est tenu à Zurich, en Suisse. Les volontaires d'ICV ont aidé avec les services d'accueil et ont rédigé des comptes rendus de tous les débats. Ils ont aussi pris un ensemble de photos. Le présent article synthétise les discussions. Madame Zurkinden-Erismann, cofondatrice de StiftungsZentrum.ch GmbH et organisatrice du forum, a d’entrée de jeu attiré l’attention sur deux objectifs: l’un consiste à suggérer des pistes aux fondations philanthropiques et aux entreprises socialement responsables (Corporate Social Responsibility) pour faire face à la crise actuelle, l’autre à créer de la valeur ajoutée à partir de la transparence, de la durabilité, de la création de confiance, de l’éthique et de l’innovation. Sept intervenants se sont exprimés sur quatre thèmes:
Résumé des discussions:La crise financière conduisant les Etats dans une situation d’endettement important, il est aujourd’hui nécessaire que les fondations prennent en charge certains devoirs étatiques. Elles devraient ainsi élargir leurs objectifs en défendant la société libérale. Elles devraient également proposer des solutions alternatives au problème du chômage, soutenir le haut lieu de la recherche qu’est la Suisse et investir les capitaux nécessaires. Les donateurs ayant fait preuve d’une grande libéralité cherchent une reconnaissance en conséquence et des projets philanthropiques portent ainsi souvent leur nom. La création de fondations ayant un objet d’utilité publique s’est multipliée par trois dans les treize dernières années. Les organisations à but non lucratif bénéficient souvent d’une plus grande confiance que les organisations à but lucratif. Cet avantage des organisations à but non lucratif tend pourtant à diminuer. Elles doivent donc devenir plus efficaces et adopter un mode de fonctionnement plus proche de celui des entreprises. Les fondations non plus ne survivent pas sans un retour sur investissement! D’autres sujets ont été abordés comme les tendances actuelles de la consommation. Selon une étude du Gottfried Duttweiler Institute de Zürich, la consommation de prestige diminue au profit de la consommation responsable : le public dépense pour des produits utiles et durables et réduit sa demande de produit de luxe. Une voiture simple et fonctionnelle est préférée à un véhicule de luxe. Le marché de masse se fractionne en marchés niches, les mégatendances se muent en microtendances. Un produit de luxe auquel n’est attachée aucune valeur éthique, sociale ou écologique se vendra à l’avenir de moins en moins bien. Un donateur est de plus en plus impliqué émotionnellement et socialement dans le projet qu’il soutient. La citoyenneté d’entreprise (Corporate Citizenship) concerne l’engagement d’une entreprise envers la société et va bien au-delà de ses objectifs économiques et de ses obligations juridiques. En font normalement partie le mécénat, les donations et le sponsoring, mais aussi la mise à disposition de collaborateurs pour des actions bénéficiant au public. L’efficacité de la citoyenneté d’entreprise peut être améliorée par une analyse approfondie de l’activité des fondations et de la situation sociale. L’impact des projets peut être amélioré par le biais de partenariats stratégiques. La formation pourrait faire l’objet d’une réflexion de la part des fondations et être optimisée par le concept de « venture philanthropy », qui soutient et promeut les idées d’individus ou le concept opératif (l’application des idées). Le développement durable (UN Global Compact), quand à lui, n’a pas donné les résultats escomptés: les riches sont toujours plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Ce sont les multinationales qui bénéficient du moins de confiance et devraient maintenant s’engager dans la responsabilité sociale. Cet engagement leur impose d’apporter des solutions légitimes et éthiques à des défis actuels sans se préoccuper uniquement de leur bénéfice. Aucun acteur ne peut réaliser de prestation économique de haut niveau à long terme s’il manque d’engagement responsable. Les responsabilités d’une entreprise se répartissent en une hiérarchie à trois niveaux allant de l’obligatoire au facultatif. Une entreprise doit : suivre les règlements, se conformer aux lois et faire du bénéfice ; devrait : exercer la responsabilité sociale dans le respect des normes internationales ; peut : s’engager dans la philanthropie, proposer des innovations proches des compétences principales de l’entreprise et créer des projets dont le but ne soit pas seulement de « faire comme les autres ». Les préoccupations éthiques constituent le fondement de la crédibilité d’une entreprise. Des valeurs de base, comme la règle d’or de la réciprocité, l’équilibre entre les intérêts propres et les intérêts d’autrui, l’orientation vers le bien-être commun, l’équité, la responsabilité etc. peuvent renouveler la confiance du public alors que nous traversons une crise affectant la confiance et les valeurs. En un temps où les valeurs s’effondrent, l’être humain doit savoir où se trouvent ses racines. Une fondation crée un effet levier lorsqu’elle met en oeuvre sa créativité. A cet effet, calme, contemplation et, finalement, possibilité de changer l’orientation de sa pensée sont nécessaires. Il est préférable de créer une fondation du vivant de quelqu’un, de manière à insuffler une âme à l’organisme et à lui donner un objectif ultime tourné vers l’avenir. Trois points sont à considérer pour mettre une politique de placement durable en harmonie avec les valeurs de la fondation : réaliser une performance financière comparable à l’indice de référence, acquérir des portefeuilles dans les domaines social et écologique et susciter un processus d’amélioration de la gouvernance d’entreprise et de son engagement social et écologique. La rencontre a démontré que la philanthropie pouvait être entièrement renouvelée par l’engagement des organismes directeurs chargés de la culture et de la stratégie d’une entreprise, ce qui peut aussi être appliqué dans les fondations et les organisations poursuivant un but d’utilité publique. La responsabilité, la création de confiance, les valeurs de base, l’innovation et la gouvernance durable ont été les grands thèmes de cette rencontre. Publié: 2009-5-06 Mis à jour: 2011-11-13 |