Le cyber-volontariat en discussion17 mai 2013 La rapide évolution des technologies de l’information et de la communication (TIC) a permis de créer un monde plus interconnecté. Les technologies ont transformé notre manière d’interagir avec nos concitoyens. Elles ont changé nos pratiques commerciales. Un certains nombre de défis ont vu le jour avec cette révolution technique et sociale, l’un d’entre eux notamment est de rendre les cyber-technologies abordables et accessibles au plus grand nombre de personnes possible. Depuis la naissance d’Internet au début des années 90, les cyber-volontaires ont joué un rôle crucial dans son développement, et ils continuent d’être un catalyseur pour l’innovation dans le cyberespace. La priorité du Forum annuel du Sommet mondial sur la Société de l’information (Forum du SMSI) des Nations-Unies, qui s’est tenu à Genève la semaine dernière, est de construire une société de l’information inclusive et axée sur le développement. Au Forum de cette année, ICVolontaires (ICV) a co-organisé un atelier thématique sur le cyber-volontariat. Durant cette session, des exemples de réussite de volontariat dans le cyberespace ont été présentés, tout en considérant les définitions et les limites de la technologie d’Internet pour le volontariat. Selon le Président d’ICV, S.E. M. Adama Samassékou, la clé pour créer une société plus « humaine » est de renforcer les capacités, ce qui permet une transformation de la fracture numérique en perspectives numériques pour tous. M. Samassékou a précisé qu’il était nécessaire de « tout mettre en œuvre pour qu’on parvienne à une appropriation sociale des nouvelles technologies." Mme Estelle Maestro de la Fundación Cibervoluntarios basée en Espagne a mis en relief l’importance des cyber-volontaires dans la promotion de l’innovation sociale. Elle a ensuite souligné que l’objectif principal de son organisation est d’aider les gens a développer les compétences nécessaires pour utiliser des cyber-technologies, sans distinction d’âge, de genre ou de moyens financiers. Cibervoluntarios.org anime en particulier des ateliers sur la manière d’utiliser un ordinateur et comment cette utilisation peut améliorer la qualité de vie des personnes. Mme Maestro a poursuivi en expliquant que son organisation travaille avec 1,500 cyber-volontaires et a reçu plusieurs distinctions et prix, notamment un Prix national espagnol en 2010 pour l’innovation sociale. Sélectionné par Google.org en 2011, l’organisation a été reconnue comme une des 50 entités qui rendent le monde meilleur. M. Nazir Sunderji d’ICVolontaires a brièvement présenté le programme CyberVolontaires d’ICV. L’organisation travaille avec un réseau de plus de 14,000 volontaires. Elle fournit une assistance technique et une formation, développe des applications pour le Web, apporte un soutien dans la gestion de réseaux et aide à renforcer les populations locales a travers l’utilisation des TIC. Mme Viola Krebs, Directrice d’ICVolontaires, a continué en citant des exemples spécifiques d’initiatives pratiques menées pas son organisation. E-TIC.net facilite l’accès aux technologies pour les agriculteurs, éleveurs et pêcheurs en Afrique de l’Ouest (Mali, Sénégal). A l’aide d’une boite à outil multimédia, le programme E-TIC permet aux volontaires d’utiliser divers moyens technologiques dans le but de travailler avec les populations des zones rurales de l’Afrique de l’Ouest où l’accès aux moyens de communication est généralement limité. En associant technologie moderne et moyens locaux plus traditionnels, les volontaires aident les populations locales à avoir accès à des informations utiles qui influencent leur vie quotidienne, tel que quel sont les effets des pesticides ou la manière de réduire leur utilisation tout en maintenant une bonne productivité agricole. Viola Krebs a ensuite mentionné d’autres moyens par lesquels les cybervolontaires peuvent s’engager et a parlé brièvement du calcul volontaire (volunteer computing), une activité durant laquelle les volontaires partagent la puissance des processeurs de leurs ordinateurs en veille. Ce genre de technologie permet à Africa@home et Malariacontrol.net de développer et de tester un nouveau modèle de transmission et de prévention du paludisme qui pourraient bénéficier de l’énergie de milliers d’ordinateurs dans le monde entier. Cette technologie est aussi une forme de solidarité numérique. M. Santiago, de Vive Digital, a donné la dernière présentation de la journée, qui avait pour thème le projet Redvolucion. Situé en Colombie, le projet se concentre sur les jeunes générations et vise à inciter les gens à utiliser les TIC dans leur vie de tous les jours. L’objectif est de rassembler 6,000 écoles. Il faut qu'Internet soit accessible à tous, les personnes âgées, les personnes ayant peu de ressources,...", a souligné M. Santiago. DiscussionComment obtenir un soutien et être entendu? Comment être reconnus pour les actions et les résultats obtenus ? A la question d'un participant de comment mieux faire connaître des projets et des initiatives, Mme Krebs a encouragé les participants à prendre part à l'inventaire (Stocktaking Initative) du Forum du SMSI, ce qui peut donner plus de visibilité aux projets, en particulier à ceux présentés dans le cadre des prix du SMSI, tel que cela avait été le cas d'E-TIC.net and GreenVoice.info d'ICV. Dans la série de questions-réponses qui a suivi les présentations, deux problèmes récurrents ont été soulevés: les risques potentiels de l’utilisation des technologies et la relation des organisations volontaires avec les gouvernements dans le contexte du récent printemps arabe. Les organisations doivent-elles être plus actives dans la contestation ou au contraire rester neutres? Mme Krebs a souligné qu’une participation citoyenne constructive peut renforcer les gouvernements à condition que l’on donne la possibilité aux sociétés de canaliser leurs voix de manière positive, afin que des changements sociaux puissent avoir lieu de manière pacifique. M. Nazir Sunderji a mis en avant la nécessité pour les organisations volontaires de rester apolitiques, affirmant que, si le volontariat a une dimension éthique, cela ne donne pas le droit de juger, surtout dans des domaines où les organisations volontaires ont peu ou pas d’expertise. Prochaines étapesDurant la discussion, il a été mis en évidence qu’il devrait y avoir une certaine reconnaissance officielle du cybervolontariat. De plus, il a été suggéré que les organisations travaillant avec des cybervolontaires devraient développer ensemble une "charte éthique du cybervolontariat". Dans la lignée de cette proposition, il serait utile de mettre en place des discussions en ligne sur les principales problématiques liées au cybervolontariat. PlusPublié: 2013-5-17 Mis à jour: 2013-5-29 |